Situé sur une parcelle étroite et profonde entourée de pavillons et de jardins, le nouveau Conservatoire est un multiprogramme qui, outre les salles de musique, les studios de danse et l’atelier de théâtre, intègre une salle de diffusion et des studios de répétition indépendants. Insérer un équipement public au sein d’un quartier résidentiel est un exercice architectural et urbain délicat, qui pose des questions de proximité, de densité, d’équilibre.
A ces questions, B+A prend le parti de répondre par un oxymore à trois temps : une unité fragmentée : la gestion de la densité au sein d’un quartier pavillonnaire – une transparence opaque : le rapport réciproque aux avoisinants – une fluidité solide : la gestion des flux du public dans une parcelle étroite et profonde.
Les trois volumes du conservatoire se drapent d’un manteau en brique de construction, comme une révérence à la « mémoire » industrielle de la ville dont témoignent les immeubles en brique de la fin du 19ème siècle. Sur la rue Estienne d’Orves, les fenêtres, de proportion verticale, se règlent selon une trame régulière superposée. Serties dans la paroi de brique aux ébrasures appareillées, elles se composent avec l’entrée double hauteur, signe de l’équipement public. Les façades jouent de la lumière et des vues afin de gérer les co-visibilités en cœur d’îlot : s’éclairer sans regarder, se protéger sans s’enfermer. La paroi de brique s’étire, se déplie et s’ajoure. A la façon des remplages de l’architecture gothique, tramée sur le module de la brique, elle filtre le soleil et les vues. Elle restitue une matière vibrante, à la fois opaque et transparente, subtile et multiple. Les insertions ponctuelles de briques de verre transparentes de teinte verte font écho aux motifs de briques émaillées des immeubles anciens.
Dans le hall, l’escalier en hélice déroule un ruban de bois, souple et continu, qui évoque la légèreté et la préciosité des instruments de musique, le mouvement et la mise en scène. Les déambulatoires poursuivent la promenade accompagnée de la lumière vibrante du filtre de brique. Le Conservatoire, expression formelle des espaces dans les lesquels sont divulgués les savoirs des Arts Vivants, accueille avec fluidité et générosité, sous la vibration de la lumière, l’acte de la transmission, comme la dynamique de l’écoute.